Bimbilla – apprendre la langue
- jochengaiser3
- 31 mai 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 juin 2023

« Dagbaŋ Paɣa – elle parle notre langue, c’est une Dagomba ! » Il est étonnant de voir à quel point ce peuple est chaleureux et prompt à encourager ses semblables. Quelques mots ou phrases dans leur langue suffisent à toucher leur cœur. Et pourtant, tant d’efforts sont nécessaires pour apprendre ces quelques petites phrases. Comment vais-je y arriver ?
Soir après soir, je suis assise à mon bureau devant mes notes et j’essaie d’apprendre quelques éléments de ce que j’ai entendu ce jour-là. Il fait très chaud. Malgré la fenêtre ouverte, il n’y a pratiquement pas d’air et à cause du faible courant électrique, le ventilateur fixé au plafond n’apporte guère de soulagement. La lumière aussi laisse à désirer. Le lendemain matin, comme je le fais souvent, je me rends à vélo chez Mary – mais à 8h la chaleur du soleil est déjà forte et je regrette de ne pas être partie plus tôt. Arrivée chez elle, nous nous asseyons à l’ombre d’un manguier et essayons d’apprendre un peu de dagbani. Mary ne sait ni lire ni écrire et nos « cours » se limitent donc à l’oral. Nous ne nous comprenons pas toujours en anglais non plus, mais puisqu’elle a vécu dans la capitale du Ghana pendant quelques années, elle parle mieux l’anglais que la plupart des autres femmes de Bimbilla.
Le soir, je reprends mes notes… Ai-je appris quelque chose de nouveau aujourd’hui ?
Peut-être que je n’aurais pas avancé dans mes démarches et je me creuserais encore la tête chaque soir devant mes quelques notes tellement difficiles à assimiler, face à la structure des phrases ou des formes étranges du présent, du passé et du futur en dagbani... Mais quelqu’un à Tamale a eu à cœur de m’apprendre la langue. J’ai donc passé cinq mois extrêmement précieux dans une petite école de langues située à environ trois heures de voiture au nord de Bimbilla. Un professeur de dagbani y enseignait sa langue maternelle avec passion et répondait patiemment à d’innombrables questions. J’ai enfin compris et saisi tant de choses. Toutes les énigmes que je m’étais notées ou griffonnées à la hâte et de manière quasiment incompréhensible ont maintenant trouvé une réponse. Quel exhaussement de prière !

Et aujourd’hui ? Eh bien, il est vrai que j’atteins assez rapidement mes limites linguistiques. Yussif, un élève de ma classe de lecture le dit ouvertement : « Ton dagbani n’est pas encore très bon. » Aïe ! 😉 En effet, il reste encore beaucoup à apprendre… Mais je pense à ces trois dernières années avec reconnaissance. Ces petites avancées dans l’apprentissage de la langue m’ont même permis d’enseigner aux écoliers à lire dans leur langue – ce qu’ils n’apprennent malheureusement pas à l’école. Les portes se sont ouvertes pour accueillir jusqu’à 80 enfants du quartier qui viennent chaque semaine écouter des histoires bibliques.
J’ai l’occasion de parler aux enfants de l’amour de Dieu pendant que je panse leurs blessures. Je les écoute quand ils partagent leurs soucis. Je rends également visite de manière spontanée à des voisins et échange quelques mots amicaux avec les femmes qui se tiennent derrière leur stand de légumes du marché hebdomadaire. Les choses banales du quotidien sont désormais possibles et je peux entretenir de belles relations. Quelles portes Dieu ouvrira-t-il encore ? Où changera-t-il les cœurs et les vies ?
- Jael Leiser -












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